Vice-président du Laboratoire national de microbiologie : « Mon rôle consiste à jeter des ponts et à favoriser l’émergence de grandes idées et de grands talents au sein du laboratoire. »

18 janvier 2024

 

Le Dr Guillaume Poliquin, vice-président du Laboratoire national de microbiologie (LNM) de l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC), s’intéresse aux sciences depuis toujours. Pourtant, il n’aurait jamais imaginé que cela le conduirait un jour à diriger un laboratoire de classe mondiale spécialisé dans les maladies infectieuses. Après avoir déménagé à Winnipeg en 2008, il se souvient d’avoir aperçu le bâtiment et d’avoir dit à sa femme : « Ne serait-ce pas génial de travailler ici pendant quelques semaines et de voir toutes les choses palpitantes qui s’y passent? »

De doctorant à vice-président

Le Dr Guillaume Poliquin, vice-président du Laboratoire national de microbiologie

Le Dr Guillaume Poliquin, vice-président du Laboratoire national de microbiologie

Le Dr Poliquin, médecin pédiatrique spécialisé en maladies infectieuses et professeur adjoint à l’Université du Manitoba, est arrivé à Winnipeg après avoir obtenu son diplôme en médecine de l’Université Western pour effectuer sa formation clinique au Centre des sciences de la santé du Manitoba. À l’époque, il souhaitait également se lancer dans la recherche scientifique en complément de son travail clinique.

Un jour, alors qu’il prenait un café pendant une période de garde, le Dr Poliquin est tombé sur un autre pédiatre, le Dr Jim Strong, chef des services de diagnostic et de thérapeutique du Programme des pathogènes spéciaux du LNM. Celui-ci lui a demandé s’il aimerait faire une recherche doctorale au laboratoire. C’est ainsi qu’a débuté la carrière du Dr Poliquin au LNM, où il a étudié les effets des traitements de soutien en soins intensifs dans un modèle de maladie à virus Ebola. Fasciné depuis longtemps par « l’interaction entre la science et la médecine », le Dr Poliquin a trouvé dans ce projet la formule parfaite. Alors qu’il était au laboratoire, il a été déployé en Afrique de l’Ouest pour aider à répondre à l’éclosion d’Ebola de 2013 à 2016.

En 2015, le Dr Poliquin a assumé le rôle de conseiller médical principal du LNM. Il a participé à divers projets et a ainsi pu mesurer l’ampleur du travail effectué au sein du laboratoire. En 2020, il a mis ses recherches de côté pour se concentrer sur la réponse à la COVID-19. En mai 2020, le Dr Poliquin est devenu chef du laboratoire.

Principales réalisations pendant la pandémie de COVID-19

Le Dr Poliquin décrit ses premiers mois à la tête du laboratoire comme un moment où il a aidé à canaliser l’énergie et l’enthousiasme débordants des employés vers les domaines où ils auraient le plus d’impact. Il a constaté l’évolution rapide de la science permettant de répondre aux exigences de la pandémie, notant que l’une des forces du LNM est sa capacité à changer rapidement de cap en réponse à des situations de crise ou à des besoins urgents. Le laboratoire ne s’est pas contenté de poser des diagnostics, il a aussi rapidement mis en place des programmes de surveillance des variants de la COVID-19 et créé un réseau de surveillance des eaux usées à l’échelle nationale.

Le Centre des opérations d’urgence du LNM, qui entre en action lors d’événements à haut risque tels que la pandémie de COVID-19.

Le Centre des opérations d’urgence du LNM, qui entre en action lors d’événements à haut risque tels que la pandémie de COVID-19.

« Faire le point sur ce qui a été accompli est parfois déconcertant, déclare le Dr Poliquin. Ce qui aurait pu être impossible à réaliser en l’espace d’une carrière l’a été en quelques mois, grâce à tout le monde qui s’est retroussé les manches et qui est allé à fond de train. ».

Le Dr Poliquin cherche maintenant à savoir comment utiliser les enseignements tirés de la pandémie de COVID-19 et intégrer les nouveaux programmes dans les activités quotidiennes d’une manière qui soit viable pour les employés. Il importe aussi de s’attaquer aux nombreux projets mis de côté pendant la pandémie — les taux de syphilis, de VIH et de tuberculose sont en hausse — et aux conséquences des changements climatiques sur les maladies infectieuses.

Atteindre la prochaine étape de la science

La gestion d’un laboratoire de tout premier ordre au sein d’une agence de santé publique s’accompagne de toutes sortes de difficultés. Le LNM, un centre de référence national, fournit des services de diagnostic et de surveillance à ses clients et aux fournisseurs de soins de santé pour toute une gamme de maladies infectieuses. Il est censé être à l’avant-garde des nouvelles techniques et découvertes et se tenir au fait des maladies infectieuses émergentes. Le laboratoire consacre également du temps, du personnel et des fonds à la recherche fondamentale, qui va de la découverte de remèdes aux maladies à l’évaluation de la durée de vie des virus sur les surfaces.

Un scientifique travaille dans un laboratoire à haut niveau de confinement.

Un scientifique travaille dans un laboratoire à haut niveau de confinement.

Le Dr Poliquin affirme que la science elle-même devient de plus en plus complexe, que les technologies évoluent et que les attentes des Canadiennes et des Canadiens sont de plus en plus grandes. Son expérience de médecin, notamment dans les communautés nordiques et éloignées du Manitoba, lui permet de comprendre le fonctionnement du système de santé, les inégalités qui existent en matière de services de laboratoire et les moyens que le LNM peut prendre pour aider la population canadienne.

« Notre tâche est de déterminer ce qui menace la santé des Canadiennes et des Canadiens en ce moment et ce qui la menacera dans le futur, et de nous assurer que nous avons toutes les cartes en main pour améliorer les résultats de santé grâce à la science de laboratoire », explique le Dr Poliquin.

En traçant la voie à suivre, le Dr Poliquin cherche à cerner les possibilités et à faciliter le travail scientifique, tout en reconnaissant l’importance du bien-être des employés et de l’excellence en recherche. Le LNM est devenu une direction générale autonome au sein de l’ASPC en 2021, compte tenu de son importance pour l’organisation et pour la science dans l’ensemble du Canada. Le Dr Poliquin a l’intention de continuer à faire du LNM un partenaire de recherche attrayant au Canada et à l’étranger, tant auprès des organismes gouvernementaux de santé publique que du milieu universitaire.

« La science est optimisée lorsqu’elle est fondée sur la collaboration, déclare-t-il. Mon rôle consiste à jeter des ponts et à favoriser l’émergence de grandes idées et de grands talents au sein du laboratoire. »

Pour le Dr Poliquin, les gens sont « l’ingrédient secret essentiel » des nombreuses réalisations du LNM, qu’il s’agisse des scientifiques de renommée mondiale dans les multiples disciplines des maladies infectieuses, des chefs de file en technologies (en génomique, par exemple) qui soutiennent la recherche ou du personnel de soutien qui assure le bon fonctionnement de l’installation.

« Prévoir l’étape suivante de la science et la franchir fait partie intégrante de la culture de cet établissement, déclare-t-il. Nous ne devons pas nous endormir sur nos lauriers. Il est nécessaire de toujours avoir une volonté de découvrir ce qu’il faut apprendre, étudier et produire ».