Association of Public and Land-grant Universities (APLU) Réunion annuelle : Renforcement des collaborations internationales en recherche

Notes d’allocution

Mona Nemer
Conseillère scientifique en chef du Canada

Association of Public and Land-grant Universities (APLU) Réunion annuelle : Renforcement des collaborations internationales en recherche

Discours virtuel

11 novembre 2020

La version prononcée fait foi

 

Bonjour, C’est avec un grand plaisir que je me joins à vous à l’occasion de la réunion annuelle de l’APLU et plus particulièrement pour participer à cette discussion sur le renforcement des collaborations internationales en recherche.

 

Je crois fermement en l’importance de ce type de collaboration. Si la pandémie de COVID-19 nous a enseigné une chose, c’est bien le fait que les échanges en matière de science et de recherche sont essentiels pour faire avancer les connaissances et trouver des solutions.

En réfléchissant au thème de votre réunion annuelle, Résilience et équité, je me suis fait la réflexion qu’au cœur de toutes ces questions se trouvent les personnes. Au cœur de chaque collaboration en recherche, il y a des relations. Ces relations entre les personnes se construisent dans la durée et deviennent des liens vers diverses sources de connaissances, que ce soit en période de calme ou en période de turbulence.

Mon collègue, M. Panchanathan, a parlé de l’avenir du travail et de la nécessité de réfléchir à la manière dont nous pouvons adopter les technologies novatrices pour améliorer la société.

J’aimerais vous parler de l’avenir de la main-d’œuvre — et plus particulièrement du milieu de la recherche.

Vous savez sans doute que la pandémie de COVID-19 a amplifié les inégalités chez les chercheurs, qu’il s’agisse d’étudiants actuellement inscrits dans les universités et collèges de nos pays, de chercheurs en début de carrière qui n’ont pas encore eu la chance de s’établir ou de membres de groupes sous-représentés qui ont ressenti de manière disproportionnée les effets négatifs de la pandémie.

La revue Nature a récemment publié les résultats d’une grande enquête internationale menée auprès de 7 670 post-doctorants travaillant dans le milieu universitaire qui comprenait des questions au sujet des répercussions de la COVID-19 sur la communauté mondiale des post-doctorants.

Huit chercheurs postdoctoraux sur dix ont déclaré que la pandémie a diminué leur capacité à mener des expériences ou à recueillir des données. Plus de la moitié d’entre eux ont plus de mal à discuter de leurs idées de recherche ou à communiquer leurs travaux à leurs collègues et la plupart s’inquiétaient des répercussions de la pandémie sur leurs perspectives de carrière.

Une autre étude provenant du Conseil ontarien de la qualité de l’enseignement supérieur a analysé dans quelle mesure la pandémie de COVID-19 a amplifié les difficultés des étudiants ayant un handicap.

Et, comme on pouvait peut-être s’y attendre, de nombreuses études ont révélé que la proportion de femmes chercheuses publiant des articles dans des revues médicales a diminué cette année par rapport à l’année dernière, surtout pour les femmes en début de carrière.

Parallèlement, des enquêtes ont établi que les femmes sont proportionnellement beaucoup plus nombreuses que les hommes à déclarer avoir assumé la majeure partie des soins apportés aux enfants pendant la pandémie. Tout cela nous montre donc qu’il ne s’agit pas seulement d’un défi auquel les établissements de recherche doivent faire face, mais d’un défi de société qui exige un changement culturel soutenu.

Quelles actions pouvons-nous donc entreprendre en partenariat? Si les contextes en matière d’équité, de diversité et d’inclusion (EDI) dans nos pays respectifs peuvent différer à certains égards, ils se chevauchent également, ce qui signifie que des leçons peuvent être tirées des expériences mutuelles.

Au Canada, l’année dernière, nous avons lancé le programme Dimensions, qui vise à souligner publiquement les établissements de recherche qui travaillent à augmenter l’inclusion d’un large éventail de groupes sous-représentés ou désavantagés comme les femmes, les peuples autochtones, les personnes handicapées, les membres de groupes racisés et ceux de la communauté LGBTQ2+.

Le programme Dimensions s’inspire du programme britannique Athena Swan. Il s’agit donc d’un exemple de pratiques exemplaires qui peut être imité dans d’autres pays, en tenant compte des contextes nationaux propres à chacun. La version américaine de ce programme est le SEA Change initiative et je sais qu’il en existe d’autres dans le monde.

Tout comme il est important de collaborer et de faire preuve d’ouverture dans le cadre de nos recherches, il est également essentiel de partager les pratiques exemplaires et les enseignements tirés des initiatives d’équité, de diversité et d’inclusion.

Il pourrait notamment y avoir des échanges sur des thèmes tels que :

  • les politiques inclusives de retour au travail (par exemple, après un congé de maternité);
  • les moyens équitables de mesurer l’excellence;
  • les moyens d’évaluer l’incidence des interventions et de faire respecter l’obligation de rendre compte.

Les organismes de financement de la recherche ont également un rôle à jouer. Au Canada, par exemple, nos organismes de financement fédéraux ont intégré l’équité, la diversité et l’inclusion dans la conception de leurs programmes. Les considérations relatives à ces trois facteurs sont intégrées dans nos politiques, processus, indicateurs d’excellence et critères d’évaluation.

En conclusion, je crois fermement que les éléments importants des sociétés résilientes et équitables sont l’inclusion, la diversité et la pluralité des voix ainsi que le soutien apporté à la prochaine génération de personnes cherchant à acquérir des connaissances.

Il existe de nombreuses occasions pour nos trois pays d’en faire plus sur les questions d’équité, de diversité et d’inclusion. Je vous invite à réfléchir à la manière dont nous pouvons agir dans le cadre d’interactions avec les membres de votre communauté, ainsi qu’avec vos collègues internationaux et vos partenaires institutionnels.

Nous avons fait quelques progrès dans ce domaine au fil des ans, mais nous devons faire beaucoup plus. Nos voisins et amis ne sont-ils pas les meilleurs partenaires avec lesquels collaborer?

Merci.